Lorsque Patrick Isoird disparaît subitement le 23 juin 2014, ses proches s’inquiètent rapidement. Son scooter est retrouvé stationné devant le cimetière du Py, à Sète, avec son téléphone portable laissé à l’intérieur. Dans la liste des derniers appels, un nom intrigue : Audrey Louvet, une ancienne connaissance récemment réapparue dans la vie de Patrick. Le signalement de la disparition est déposé au commissariat de Sète, mais ce n’est que le 17 juillet que l’horreur éclate. Le SRPJ de Montpellier retrouve le corps du quadragénaire dans une grotte du mont Saint-Clair. Entravé, tué par deux coups de fusil, son cadavre est partiellement calciné, presque méconnaissable. L’endroit est surnommé depuis « la grotte sanglante ».
L’enquête s’oriente vite vers Audrey Louvet. Des images de vidéosurveillance la montrent en compagnie de Patrick Isoird, peu avant sa disparition. D’abord, elle évoque un simple rendez-vous galant. Puis elle craque, et affirme avoir agi sur ordre de Rémi Chesne, un ancien amant, qui aurait évoqué une dette fictive contractée par Patrick.
Les enquêteurs exhument alors une histoire ancienne : Patrick Isoird était l’amant de Nadège, la femme de Rémi Chesne, retrouvée pendue en 2009. Le décès avait été classé comme suicide, bien qu’un légiste ait émis des doutes sur l’absence totale d’intervention extérieure. La piste d’un meurtre par vengeance prend corps. Malgré ses dénégations, Rémi Chesne se retrouve acculé. Audrey Louvet finit par avouer avoir attiré Patrick dans la grotte sous prétexte d’une intimité retrouvée. Là, Rémi l’aurait surpris masqué, ganté, fusil à la main. Patrick Isoird est ligoté, bâillonné, et laissé pour mort.
En 2018, un rebondissement sème le doute : un mégot retrouvé dans la grotte contient l’ADN partiel d’un criminel incarcéré à Lyon. La défense s’empare de cette piste, dénonçant un acharnement sur le mobile passionnel. Mais l’ADN est finalement écarté comme élément non probant.
Après plusieurs reports dus à la pandémie, le procès s’ouvre en janvier 2021 devant la cour d’assises de l’Hérault. Audrey Louvet livre une version lacunaire et émotive : elle se dit manipulée, effrayée, sous emprise. Rémi Chesne, lui, se drape dans le silence et l’incompréhension. Le ministère public requiert la réclusion à perpétuité contre Rémi Chesne, convaincu d’une vengeance froide, longtemps mûrie. Il est finalement condamné à trente ans de réclusion criminelle pour enlèvement, séquestration et assassinat.
Audrey Louvet échappe à l’accusation d’assassinat, mais écope de douze ans pour complicité d’enlèvement et séquestration. Aucun appel ne sera formé. Ainsi s’achève, en justice, l’histoire tragique d’une trahison devenue meurtre, dans l’ombre d’un amour défunt.


