Après trois jours de cavale, le meurtrier présumé de la mosquée du Gard se rend en Italie
Olivier H., suspecté d'avoir poignardé à mort un fidèle musulman, s'est présenté dimanche soir dans un commissariat de Pistoia. La justice française prépare son retour pour l'interroger sur ses motivations.

Le vendredi 25 avril, aux alentours de 8h30, un drame se joue dans la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, petite commune du Gard. Aboubakar Cissé, jeune Malien d’une vingtaine d’années, est violemment attaqué alors qu’il nettoie les lieux avant la grande prière hebdomadaire.
Le meurtrier, identifié plus tard comme Olivier H., s’introduit dans la mosquée sans y avoir jamais mis les pieds auparavant. Après avoir échangé quelques mots avec sa victime, il sort un couteau et lui assène entre 40 et 50 coups, selon les premières constatations médico-légales. Juste après son crime, Olivier H. filme la scène avec son téléphone portable, insultant « ton Allah de merde » à deux reprises, avant de réaliser qu’il est également capté par les caméras de vidéosurveillance. Sur sa propre vidéo, il annonce : « Je vais être arrêté, c’est sûr ».
Une vidéo de son acte circule brièvement sur un réseau social, relayée par une tierce personne, avant d’être supprimée. Le parquet d’Alès, sous l’autorité d’Abdelkrim Grini, prend immédiatement l’enquête en main, assisté de la gendarmerie du Gard, de la section de recherches de Nîmes et de la police judiciaire. Dès samedi, les enquêteurs, épaulés par plus de 70 policiers et gendarmes, poursuivent activement la traque d’un suspect décrit comme « potentiellement extrêmement dangereux ». Dans ses propos décousus filmés, Olivier H. laisse entendre son intention de commettre d’autres meurtres.
Samedi 26 avril, le parquet confirme que l’auteur présumé est un jeune Français de 21 ans, d’origine bosnienne, sans emploi, et totalement inconnu des services de police avant ce drame. La piste d’un acte islamophobe est rapidement privilégiée, bien que d’autres hypothèses restent ouvertes. Le Parquet national antiterroriste (PNAT) évalue la situation, sans se saisir du dossier dans l’immédiat.
Alors que le frère d’Olivier H. est brièvement placé en garde à vue, deux perquisitions sont menées dans le Gard et dans l’Hérault, sans donner lieu à d’autres arrestations. Le dimanche 27 avril, une marche blanche en hommage à Aboubakar Cissé rassemble plus d’un millier de personnes à La Grand-Combe, marquant l’émotion profonde d’une population choquée. Le même jour, le suspect est repéré, mais parvient à s’enfuir avant l’intervention des forces de l’ordre. La tension reste vive, les autorités craignant qu’il ne récidive.
Dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 avril, Olivier H. se rend finalement de lui-même dans un commissariat de Pistoia, en Italie. Sa reddition est considérée comme une « très grande satisfaction » par le procureur d’Alès. Un mandat d’arrêt européen est immédiatement émis pour organiser son extradition vers la France, une procédure pouvant prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Face à la gravité des faits et aux éléments recueillis, le procureur d’Alès annonce lundi matin la désignation d’un juge d’instruction pour « éclaircir les véritables motivations du passage à l’acte », écartant à ce stade la qualification de terrorisme.
Les réactions politiques fusent : Gérald Darmanin, Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou dénoncent unanimement ce crime, qualifié d’« ignominie islamophobe » par une partie de la classe politique. En parallèle, des interrogations demeurent sur d’éventuelles complicités ayant permis la fuite du suspect en Italie, une piste que l’instruction devra désormais approfondir.