Dans le silence encore endormi de Chauffailles, ce lundi 12 mai à l’aube, un coup de feu a brutalement brisé la quiétude de la rue Centrale. Il est 4h45 lorsqu’Anzhela Brezkrevna, 55 ans, s’effondre, atteinte mortellement par balle. Les secours ne pourront rien faire. L’épouse de Bruno Jandet, originaire d’Ukraine, venait de tomber sous les yeux d’un quartier médusé. Très rapidement, l’enquête s’oriente vers un drame conjugal. Le principal suspect, Bruno Jandet, 60 ans, est localisé quelques heures plus tard à la terrasse d’un café PMU de Pouilly-sous-Charlieu, à une trentaine de kilomètres de la scène du crime. Il est interpellé sans résistance aux alentours de 9 heures par les gendarmes.
Placée en garde à vue, la procédure suit un cours accéléré. Pendant 48 heures, les enquêteurs passent au crible les zones d’ombre de cette relation, tandis que les premiers éléments recueillis dressent le portrait d’un couple à la dérive. Mercredi 14 mai, Bruno Jandet est présenté à un juge d’instruction du tribunal de Chalon-sur-Saône. La mise en examen pour assassinat est prononcée. Le juge des libertés et de la détention décide d’un placement en détention provisoire. Escorté par les gendarmes, Jandet est conduit au centre pénitentiaire à 12h20. Le parquet de Chalon prend désormais la main sur cette affaire glaçante.
Dans la ville de Chauffailles, l’effroi laisse place à la consternation. Des habitants bouleversés déposent fleurs et messages devant la mairie : « Nous refusons de rester silencieux », peut-on lire, en signe de révolte contre les féminicides. La municipalité organise un hommage public pour le vendredi 16 mai.
L’émotion traverse aussi les murs de la Manufacture Sud Bourgogne, où Anzhela travaillait depuis plusieurs années. Son employeur évoque une « collaboratrice pétillante, profondément humaine » et dénonce un acte « d’une violence odieuse et insupportable ». Un message de deuil et de colère partagée, que l’entreprise publie sur ses réseaux sociaux. Parmi les voix qui s’élèvent, celle d’Édith Gueugneau, maire de Bourbon-Lancy, résonne avec gravité : « Encore une. Elle avait une vie. Elle a été tuée parce qu’elle était une femme. » Une déclaration qui résonne dans un pays où le collectif Féminicides par compagnons ou ex recense déjà 29 cas depuis le début de l’année.
Bruno Jandet, ancien entrepreneur dans l’agriculture et ex-joueur de football amateur dans le Roannais, a aussi vécu plusieurs années en Ukraine. Une trajectoire personnelle complexe, faite de départs, de retours, et d’une relation avec Anzhela dont l’issue tragique interroge. Alors que l’enquête se poursuit, les enquêteurs tentent désormais de retracer les derniers jours du couple, d’éclairer le mobile, et de recueillir les témoignages susceptibles d’éclairer le procès d’assises à venir.
