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Angleterre : Peter Sullivan, 38 ans de prison pour un crime qu’il n’avait pas commis

Peter Sullivan a passé près de quatre décennies derrière les barreaux avant que la justice britannique n’annule sa condamnation. Un profil ADN inconnu relance l’enquête sur la mort de Diane Sindall, tuée en 1986.

Une nuit d’été 1986, à Bebington, une petite ville du Merseyside, le corps sans vie de Diane Sindall, 21 ans, barmaid populaire et appréciée de son quartier, est retrouvé à quelques mètres de son domicile. L’autopsie révèle une agression sexuelle brutale suivie d’un étranglement. Très vite, l’affaire prend une ampleur locale, puis nationale. La police, sous pression, procède à l’arrestation de Peter Sullivan, un jeune homme de 30 ans vivant non loin de la scène de crime.

En novembre 1987, après un procès où les éléments à charge sont minces et essentiellement circonstanciels, Peter Sullivan est reconnu coupable et condamné à la prison à vie. L’enquête repose principalement sur des incohérences dans ses déclarations, un témoin peu fiable, et une volonté manifeste des autorités de boucler l’affaire. Malgré de multiples appels déposés au fil des années, aucun ne parvient à ébranler la condamnation initiale.

Au fil des décennies, Sullivan devient un détenu modèle. Il continue de clamer son innocence depuis sa cellule, mais ses efforts s’épuisent dans le silence des couloirs judiciaires. Il écrit des lettres, s’adresse à des avocats, à des associations, espérant qu’un jour, un élément nouveau relancera son dossier. Ce basculement survient presque quarante ans plus tard, lorsqu’un laboratoire, grâce à des technologies d’analyse ADN modernes, identifie un profil génétique masculin inconnu sur des échantillons prélevés sur le corps de Diane Sindall. Aucun lien avec Sullivan. Aucun lien avec les bases de données policières. Ce n’est pas lui.

En 2024, la Cour d’appel de Londres accepte de rouvrir le dossier. Les experts s’accordent : Peter Sullivan ne peut pas être l’auteur du crime. L’audience se tient en mai 2025. Depuis sa cellule, vêtu d’un pull gris, les mains croisées devant l’écran, Peter écoute. Lorsque le juge prononce l’annulation de la condamnation, il baisse la tête, étouffe un sanglot, puis porte sa main à sa bouche. Un silence profond traverse la salle.

Son avocate lit une déclaration écrite de sa main : il ne ressent « ni colère ni amertume », seulement une profonde tristesse pour le temps perdu, et pour la vie fauchée de Diane. Il insiste : « Ce qui m’est arrivé est injuste, mais rien n’est plus tragique que sa mort ».

La police de Merseyside s’exprime le jour même. La cheffe enquêtrice Karen Jaundrill reconnaît publiquement que les outils d’analyse ADN n’existaient pas à l’époque, et promet que toutes les ressources seront mobilisées pour retrouver l’homme derrière ce profil inconnu. La sœur de Peter, Kim Smith, présente à l’audience, laisse échapper un sourire mêlé de larmes. « Nous sommes soulagés, bien sûr. Mais cela ne devrait jamais être arrivé. » Son frère, désormais âgé de 68 ans, quitte la prison pour la première fois depuis l’âge de 30 ans, dans un Royaume-Uni qui a profondément changé.

Peter Sullivan devient alors le prisonnier vivant ayant purgé la plus longue peine pour une erreur judiciaire dans l’histoire du pays. Ce précédent ravive les débats sur les méthodes d’enquête des années 80, et sur la nécessité de revoir d’anciens dossiers à la lumière des technologies actuelles. Et pendant que la justice tente de réparer l’irréparable, une autre vérité demeure : celle d’une jeune femme oubliée, dont le véritable meurtrier court encore.

Guillaume Eckendoerffer

Rédacteur web passionné de true crime, j’explore et raconte au quotidien les affaires criminelles marquantes et celles qui font l’actualité. Curieux et attentif aux détails, j’aime plonger dans les enquêtes pour en comprendre tous les aspects et les retranscrire de manière accessible.

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