Alénya : un jeune homme s’accuse d’un meurtre resté sans coupable depuis janvier
Près de trois mois après la découverte d’un corps criblé de balles dans un fossé, un homme de 25 ans s’est présenté spontanément à la gendarmerie. Il affirme avoir tiré en état de légitime défense, sur fond de dette liée aux stupéfiants.

Un matin glacé de janvier, la campagne d’Alénya s’éveillait à une scène tragique. Un livreur de journaux, alors en tournée, découvrait dans un fossé le corps inerte d’un homme criblé de balles. La victime, âgée de 36 ans, était connue des services de police, notamment pour des affaires de stupéfiants. Le choc de la découverte, dans ce village tranquille des Pyrénées-Orientales, laissait les habitants sidérés.
L’autopsie confirmait rapidement ce que laissait craindre la violence de la scène : plusieurs balles avaient atteint des organes vitaux. Aucune arme n’était retrouvée sur place. Les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie orientaient alors leurs investigations vers un possible règlement de comptes, sans parvenir à identifier formellement de suspect. Trois jours plus tard, un homme était brièvement interpellé. Faute d’éléments suffisants, il était relâché sous contrôle judiciaire, laissant planer le mystère. L’affaire, malgré des moyens déployés, semblait s’enliser. La rumeur, elle, continuait de courir dans les rues étroites d’Alénya : on parlait de dettes de drogue, de menaces, d’un piège tendu.
Puis, coup de théâtre le 14 avril. Un jeune homme de 25 ans, habitant de la commune, franchissait de son plein gré les portes de la gendarmerie. D’une voix posée mais marquée par l’émotion, il s’accusait du meurtre. Ses déclarations, relatées plus tard par Ici Roussillon, jetaient une lumière crue sur les coulisses du drame.
Il affirmait avoir été menacé par la victime, qui aurait exercé une pression violente sur lui et ses proches pour qu’il rembourse une dette liée à la consommation de stupéfiants. Face à ces menaces répétées, il aurait décidé de se rendre armé au rendez-vous imposé par le trentenaire. Pris de panique, il aurait ouvert le feu en pleine rue. La victime, touchée mais encore consciente, aurait tenté de fuir avant de s’effondrer dans le fossé. C’est là, dans la nuit noire, qu’elle aurait rendu son dernier souffle. L’auteur présumé des faits évoque un acte de légitime défense, que l’enquête devra désormais vérifier point par point.
L’homme a été mis en examen pour meurtre, trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, puis placé en détention provisoire. Pour les enquêteurs, la tâche consiste désormais à démêler les fils d’un récit mêlant angoisse, désespoir et vengeance. Si l’aveu a fait l’effet d’un séisme judiciaire, il n’efface pas les zones d’ombre. Était-ce vraiment de la peur ou une vengeance préméditée ? Avait-il d’éventuels complices ? L’enquête se poursuit, dans l’attente de confronter les déclarations aux preuves matérielles.